Pêche au poisson des glaces

La pêcherie au chalut à Kerguelen avait été stoppée au début des années 1990 face à des constats avérés de surexploitation des populations (colin de Kerguelen, colin et poissons des glaces) et aux impacts environnementaux importants.

Suite aux premières campagnes d’évaluation (Poker I en 2006, Poker II en 2010, Poker III en 2013, puis PIGE en 2015) et au regard des estimations de l’état des populations, une reconstitution progressive des populations de poisson des glaces a été mise en évidence par le Muséum national d’histoire naturelle (MNHN), ce qui a conduit à la réouverture de la pêcherie du poisson des glaces au chalut pélagique.

Sur la base des recommandations du MNHN, un armement de pêche a sollicité une autorisation de pêche au poisson des glaces en 2015 en affrétant un navire australien polyvalent (chalutier et palangrier) qui opère habituellement dans les eaux australiennes de Heard et Mc Donald.

En 2017, un nouvel armement, opérant déjà dans la pêche palangrière à la légine et dans la pêcherie de Saint-Paul et Amsterdam, a obtenu une autorisation de pêche au poisson des glaces. La réouverture de cette pêcherie à Kerguelen en 2015 s’est accompagnée d’un cadre réglementaire et de pratiques de pêche nouveaux, inspirés des autres pêcheries au poisson des glaces ayant cours au sein de la zone CCAMLR (Heard et Géorgie du Sud).

Tout comme les autres pêcheries, la pêche au poisson des glaces est encadrée par des prescriptions techniques prises par arrêté du préfet, administrateur supérieur des Terres Australes et Antarctiques Françaises (TAAF) afin de maîtriser les menaces potentielles qu’elle présente sur l’environnement, en particulier sur les oiseaux marins.

Ainsi, et conformément au décret n°2006-1211 modifié portant création, extension et modification de la réglementation de la réserve naturelle nationale des Terres australes françaises, seul l’usage du chalut pélagique est autorisé à Kerguelen. Il s’agit d’un filet à quatre faces, fait pour évoluer en pleine eau qui présente par conséquent moins d’impact sur les fonds marins que le chalut de fond. Sa partie antérieure (ouverture) est constituée de simples cordages ou de très grandes mailles, qui rabattent les bancs de poissons vers la partie postérieure du filet.

Du fait de ses migrations nycthémérales, le poisson des glaces est capturable dans la colonne d’eau avec un chalut pélagique, ce qui limite ainsi les captures accessoires, dans la mesure où elles sont moins nombreuses dans la colonne d’eau que sur le fond. Lors de la première campagne commerciale effectuée en 2015, les captures accessoires se limitaient à 0,44% en poids des captures et comptabilisaient peu d’espèces différentes.

Pour limiter les pressions de cette technique, la zone de pêche a également été restreinte à certaines profondeurs (de 100 à 300m) et à certains secteurs circonscrits dans les zones de concentration du poisson des glaces dans le plateau nord-est de Kerguelen.

La biologie spécifique du poisson des glaces (faible longévité, successions des cohortes annuelles, migrations verticales et horizontales, effet supposé des phases lunaires, etc.) rend sa capture et sa biomasse annuelle disponible très aléatoires dans le temps et dans l’espace. C’est pourquoi la fixation annuelle du total autorisé de capture(TAC) est subordonnée à la réalisation préalable d’une campagne scientifique d’évaluation

En  2018, malgré les résultats encourageant de la campagne d’évaluation Poker IV, et la fixation par les TAAF d’un TAC de 3081 tonnes, aucun armement n’a requis d’autorisation de pêche.

 

En effet, ces fluctuations de pêche déstabilisent le marché de cette espèce et rendent les perspectives économiques incertaines à ce jour. (Photos©H.Vermande, J.L. Aubert)