Lutte contre la pêche illicite

La légine est devenue un must des tables japonaises et américaines au milieu des années 1990. Son prix élevé a aussitôt attiré des flotilles de pêche dans l’océan austral, qui l’ont exploitée au mépris des règles nationales et internationales.

Cette pression était trop forte sur une espèce qu’une évolution lente et une maturité sexuelle tardive rend particulièrement vulnérable. Entre 1997 et 2001, au plus fort de son activité, on estime que la pêche illicite, non déclarée et non réglementée (INN) représentait un prélèvement trois fois supérieure à celle de la pêche autorisée dans les eaux de Kerguelen. Ces activités illégales ont porté un préjudice incontestable à l’environnement, les pratiques de ces pêcheurs pirates étant particulièrement délétères pour les populations d’oiseaux ou de mammifères marins, en plus d’épuiser les populations de légine.

Les autorités en charge de l’action de l’État en mer ont alors décidé de réagir vigoureusement.

De 1997 à 2000, vingt navires de pêche INN ont été arraisonnés par les bâtiments de la Marine nationale, puis déroutés vers La Réunion, pour être enfin confisqués par décision de justice. Depuis 2001, deux autres navires ont connu le même sort.

Les actions diplomatiques menées localement après chaque observation suspecte dans les eaux internationales de la Commission sur la conservation de la faune et de la flore de l’Antarctique (CCAMLR) ont permis d’accentuer la pression exercée sur les États complices.

Un traité coopération franco-australien signé en novembre 2003 prévoit la possibilité de missions de surveillance de pêche (observation des activités de pêches, identification et reconnaissance des navires) en coopération dans les zones maritimes (ZEE et mer territoriale) australes, françaises et australiennes.

Le traité est complété par un accord qui ouvre la possibilité de l’exercice en coopération de pouvoirs de police des pêches (incluant l’arraisonnement, l’inspection, la poursuite, l’arrestation, l’appréhension et l’enquête), dans le cas où un contrôleur habilité de l’une des parties est embarqué sur l’aéronef ou le navire de l’autre partie.

Depuis l’entrée en vigueur effective de l’accord de coopération, la France a effectué 1551 jours de patrouille dans la zone Kerguelen – Heard & Mac Donald, cependant que l’Australie en effectuait 982. En effet, la dernière mission de contrôleurs français à bord d’un patrouilleur australien, a eu lieu en 2015 alors que les missions de bâtiments français dans les australes (entre 120 et 150 jours/an) embarquent pratiquement systématiquement des contrôleurs australiens.

La pêche illicite dans l’océan Austral en haute mer n’est cependant pas totalement éradiquée, car des navires sont régulièrement observés pêchant dans les eaux internationales à proximité des ZEE des îles australes. Seule la surveillance permanente de la zone, induisant une forte dissuasion des intentions de pêche illégale, permet aujourd’hui de garantir une bonne gestion de l’environnement et des ressources halieutiques. Ces nombreux efforts couplés à une évaluation rigoureuse des populations de légine et à des efforts permanents des armements autorisés pour réduire leur impact environnemental ont permis à cette pêcherie d’obtenir la certification marine stewardship council (MSC).