Conservation des Iles Australes

Les Terres australes françaises – Archipel Crozet, Iles Kerguelen, et Iles Saint-Paul et Amsterdam –sont le royaume des oiseaux et mammifères marins et hébergent une diversité et des populations d’espèces sans commune mesure. Faune et flore présentent des adaptations originales développées au cours de plusieurs millions d’années d’évolution dans un isolement extrême, à des milliers de kilomètres de tout continent. Iles volcaniques aux paysages grandioses, ces terres sont reconnues comme les derniers témoins d’une nature originelle, sauvage et généreuse.

Enjeux de protection de l’environnement

La réserve naturelle nationale abrite l’une des populations d’oiseaux les plus importantes au monde, et les populations de mammifères marins parmi les plus diverses et abondantes de l’océan Austral. La richesse des communautés d’oiseaux de la Réserve naturelle est due pour partie à la proximité de trois fronts océaniques, à l’isolement des archipels, et à la présence de plateaux continentaux très productifs. Ces îles sont le lieu de reproduction de 47 espèces d’oiseaux marins, dont 14 évaluées menacées par la Liste rouge TAAF (UICN, MNHN et TAAF, 2016) et de 3 espèces de pinnipèdes. Leur domaine marin, qui représente des zones d’alimentation et de reproduction, est essentiel pour ces espèces.

 

Hormis les récits de quelques pionniers scientifiques ou baleiniers, les premières connaissances sur les oiseaux et les pinnipèdes des Terres australes françaises ont été acquises par les équipes scientifiques présentes sur les bases, suite à leur installation dans les années 1960-1970, alors que les connaissances anciennes sur les cétacés sont issues des données de chasse à la baleine. Ce n’est que plus récemment, depuis les années 1980, que se sont développées les observations à partir des navires de pêches et des navires océanographiques. L’amélioration continue des connaissances sur les oiseaux et les mammifères marins et le maintien dans le temps de protocoles de suivi sur le long terme permettent aujourd’hui de dégager des tendances d’évolution pour un certain nombre d’espèces.

Milieu terrestre

Les écosystèmes terrestres des Terres australes françaises sont déterminés par leur insularité, leur isolement extrême, leurs caractéristiques géologiques et les contraintes climatiques particulières qui y règnent (notamment vents forts et températures constamment basses). Ils sont composés d’habitats naturels originaux abritant une flore et une faune terrestres paucispécifiques (faible diversité des espèces) qui présentent des adaptations biologiques originales et un endémisme prononcé dans certains groupes.

Les premières études et descriptions de la flore des îles subantarctiques ont été réalisées lors des grandes expéditions scientifiques, notamment celles de la deuxième moitié du XIXe siècle. C’est également au cours de cette période que les premières observations sur les espèces introduites ont été réalisées. L’établissement des bases permanentes au milieu du XXe siècle, puis la mise en œuvre de programmes scientifiques, ont permis d’améliorer les connaissances et de générer des données de manière plus régulière.

Seules 36 espèces de plantes natives sont dénombrées dans l’ensemble de la Réserve naturelle. Parmi celles-ci peuvent être mentionnées : le chou de Kerguelen (Pringlea antiscorbutica), l’azorelle (Azorella selago), et l’acaena (Acaena magellanica). Les pelouses côtières caractérisées par exemple par la présence de Crassula moschata et Leptinella plumos, profitent de la fertilisation apportée par la faune marine. Ces milieux, marqués par des conditions climatiques et pédologiques particulièrement contraignantes, ne comportent pas d’arbre ou d’arbuste – à l’exception du Phylica arborea sur l’île Amsterdam qui profite de conditions climatiques moins sévères. Seul arbre endémique des Terres australes françaises, le phylica subi une forte régression de son aire de distribution en raison de la pression des incendies (naturels ou d’origine anthropiques) du pâturage et de l’exploitation de son bois Depuis 2010, le Phylica arborea est au centre d’un programme de restauration mené par la Réserve naturelle qui vise la plantation de jeunes individus en milieu naturel afin de recréer des zones de boisements dans l’aire de distribution originelle de l’espèce.

libre utilisation. convention n°54 du 10 nov 2006

Concernant l’entomofaune, une cinquantaine d’espèces natives sur l’archipel Crozet, une trentaine dans les Kerguelen et une vingtaine sur les îles Saint-Paul et Amsterdam sont actuellement recensées. Si certains groupes taxonomiques ont fait l’objet de nombreux travaux de biologie, écologie, écophysiologie et génétique, d’autres taxons restent toutefois encore peu connus. Dans leur état originel, les écosystèmes terrestres de la Réserve naturelle sont dysharmoniques. Ils présentent en effet très peu de prédateurs et d’herbivores. Les espèces natives et les communautés végétales se sont donc développées sur le territoire sans qu’une pression de prédation ou d’herbivorie ne s’exercent sur eux, avec une perte progressive de leurs mécanismes de défense au gré de l’évolution naturelle. Les écosystèmes terrestres sont simplifiés, ce qui les rend par ailleurs très vulnérables et sensibles aux perturbations extérieures.

L’isolement prononcé des îles et leur découverte tardive ont par ailleurs largement contribué à la préservation et au bon état écologique du patrimoine biologique de la Réserve naturelle. Toutefois, bien que la présence humaine passée et actuelle soit très limitée sur le territoire, cette dernière n’a pas été sans impact sur les écosystèmes terrestres. Elle a notamment conduit à l’introduction d’espèces animales et végétales qui ont été introduites sur les îles de manière volontaire ou accidentelle. Certaines se sont adaptées au climat des îles australes et ont réussi à se maintenir et à se reproduire, colonisant ainsi les écosystèmes dont elles étaient initialement absentes. En particulier, les vertébrés introduits (rongeurs, lapin de garenne, chat haret, renne, mouton, mouflon, vache) ainsi que plusieurs espèces de plantes exotiques envahissantes et d’invertébrés ont déstabilisé et déstructuré les écosystèmes terrestres originels, avec un impact négatif sur la biodiversité native par prédation, herbivorie ou compétition interspécifique. Par le passé, la présence humaine a également pu engendrer une destruction d’habitats naturels natifs, comme c’est le cas pour une partie de la ceinture originelle de Phylica arborea sur l’île Amsterdam.

L’état de conservation actuel des écosystèmes terrestres est très variable d’un secteur à l’autre et d’une île à l’autre. Il est associé à plusieurs facteurs essentiels en interaction et en cours d’évolution rapide : la présence d’espèces introduites (vertébrés, plantes et invertébrés) étroitement lié à l’origine à la fréquentation humaine et l’impact des changements climatiques.

La situation unique des Terres australes françaises d’un point de vue géologique et océanographique a permis le développement d’écosystèmes marins riches et diversifiés, qui s’organisent autour de deux grands compartiments : le domaine pélagique et le domaine benthique. Le domaine pélagique regroupe l’ensemble des espèces et des dynamiques localisées dans la colonne d’eau ; le domaine benthique représente l’ensemble des espèces et habitats situés sur le fond des océans. Ces compartiments sont liés par des interactions trophiques et océanographiques complexes.

Si les connaissances sur les milieux benthiques et pélagiques sont à ce jour parcellaires, les campagnes océanographiques, les observatoires côtiers ainsi que les données issues des suivis des pêcheries, attestent d’un bon état de conservation global des écosystèmes marins, rendu possible par l’éloignement de tout continent, la restriction des activités en mer, et le modèle de gestion durable des pêcheries mis en œuvre par les TAAF

Milieu pélagique

Le domaine pélagique des Terres australes françaises présente des caractéristiques essentielles pour les écosystèmes marins. Les zones de haute productivité, alimentées par les apports en fer du plateau de Heard-Kerguelen et structurées par les trois fronts océaniques (polaire, subantarctique et subtropical), et un large gradient bathymétrique, sont à la base de tout le réseau trophique et soutiennent la présence d’espèces et d’assemblages d’espèces très particuliers.

En outre, ces zones de forte productivité permettent la séquestration de quantité importante de carbone et peuvent ainsi être considérées comme des « puits de carbone » à l’échelle planétaire. Ces zones prioritaires pour la conservation et la gestion durable des ressources ont été intégrées au périmètre de la Réserve naturelle et bénéficient d’un statut particulier de protection renforcée.

Milieu benthique

Des milieux côtiers aux zones abyssales, les Terres australes françaises présentent un large gradient bathymétrique abritant, pour chaque bathome (niveau bathymétrique), des espèces et écosystèmes particuliers.

Les milieux côtiers attestent d’une grande diversité d’habitats et d’espèces, abritant des zones fonctionnelles essentielles pour les espèces marines telles que les zones d’alimentation, de reproduction et de nourricerie. C’est le cas en particulier des habitats à Macrocystis pyrifera et Durvillea antarctica, qui servent de nourriceries à de nombreuses populations des poissons.

Un grand nombre de taxons indicateurs d’écosystèmes marins vulnérables (EMV), de l’ordre des Cnidaria (cnidaires), Bryozoa (bryozoaires), Alcyonacea (alcyonaires) ou Euryalida (ophiures), présentant des assemblages d’espèces riches mais extrêmement vulnérables aux impacts des activités anthropiques et des changements globaux, sont également présents dans les eaux des Terres australes françaises, en particulier sur les zones de plateau continental et de bancs. Le classement du banc Skiff en zone de protection renforcée et l’interdiction de toute activité industrielle et commerciale qui en découle garantit la préservation des enjeux de conservation sur cette zone.

Si les zones côtières sont assez bien documentées, les écosystèmes profonds, difficiles d’accès, restent encore largement méconnus. Il existe donc encore un fort enjeu d’acquisition de connaissances sur le domaine benthique et en particulier sur les écosystèmes marins vulnérables (EMV).

Les outils de protection du patrimoine naturel

Les Terres australes et antarctiques françaises : organisme gestionnaire de la réserve naturelle nationale

Depuis le 3 octobre 2006, le préfet, administrateur supérieur des TAAF est gestionnaire de la réserve naturelle nationale des Terres australes françaises. Sur chacun des districts, l’administrateur supérieur se fait représenter par un chef de district, dont le rôle principal est d’assurer la gestion opérationnelle et de coordonner la mise en œuvre de la politique territoriale. Sur les districts austraux, les chefs de district veillent à l’application du décret n°2006-1211 modifié, ainsi qu’à la mise en œuvre du plan de gestion de la Réserve naturelle.

Les instances consultatives de gestion

Conformément au décret n°2005-491 du 18 mai 2005 relatif aux réserves naturelles et portant notamment modification du Code de l’environnement, le gestionnaire est assisté d’un Comité consultatif et d’un Conseil scientifique, dont les rôles et la composition sont précisés dans les articles R.242-15 à R.242-18 du Code de l’environnement. Dans le cas de la réserve naturelle nationale des Terres australes françaises, et comme le prévoient les articles 3 et 4 du décret n°2006-1211 modifié, le préfet, administrateur supérieur des TAAF, en sa qualité de gestionnaire, est assisté par un Comité consultatif, qui a la même composition que le Conseil consultatif des TAAF, élargi à 6 membres supplémentaires, et un Conseil scientifique, qui reprend la composition du Comité de l’environnement polaire (CEP).

Le Comité consultatif de la Réserve naturelle

L’article 3 du décret n°2006-1211 modifié précise que le Comité consultatif « donne son avis sur le fonctionnement, la gestion et les conditions d’application des mesures prévues par la décision de classement. […] Il peut demander au représentant de l’État la réalisation d’études scientifiques et recueillir tout avis en vue d’assurer la conservation, la protection et l’amélioration du milieu naturel de la réserve ».

Le Comité consultatif peut être saisi par le ministre chargé des Outre-mer ou par le préfet, administrateur supérieur, sur toutes les questions intéressant le territoire. Son rôle reste cependant consultatif. Il se réunit en général deux fois par an. Il comprend 32 membres, désignés pour quatre ans par arrêté du ministre chargé des Outre-mer, répartis comme suit :

  • 22 représentants des administrations civiles et militaires françaises, du monde scientifique, et personnalités qualifiées (11 membres titulaires et 11 suppléants), nommés au titre du Conseil consultatif ;
  • 2 députés et 2 sénateurs désignés pour la durée de leur mandat parlementaire par les présidents de l’Assemblée Nationale et du Sénat (2 titulaires et 2 suppléants), nommés au titre du Conseil consultatif ;
  • depuis le décret n°2016-1700 du 12 décembre 2016, 6 nouveaux membres, représentant les armements de la pêche australe, les associations agréées ayant pour principal objet la protection des espaces naturels, ainsi que le délégué du Gouvernement pour l’action de l’État en mer (3 titulaires et 3 suppléants).

L’actuel Comité consultatif a été nommé par l’arrêté du 8 juillet 2021 et est présidé par Mme Isabelle Autissier.

Le Conseil scientifique de la Réserve naturelle

En vertu de l’article 4 du décret n°2006-1211 modifié, le Comité de l’environnement polaire (CEP) tient lieu de Conseil scientifique de la réserve naturelle nationale des Terres australes françaises. Ce dernier peut être « sollicité sur toute question à caractère scientifique touchant à la réserve ».

Fixé par le décret n°2002-496 du 9 avril 2002 modifiant le décret n°93-740 du 29 mars 1993, le Comité de l’environnement polaire est composé d’un président et de 10 personnalités choisies en raison de leurs compétences dans les domaines scientifique, technologique et environnemental. Les membres sont nommés pour quatre ans par arrêté du Premier ministre, et leur mandat est renouvelable une fois. Le CEP, actuellement présidé par M. Jean-Philippe Siblet, a été renouvelé pour la période 2018-2022 par l’arrêté du 10 septembre 2018. En vertu de sa compétence pour toute question à caractère environnemental au sein de la Réserve naturelle, le CEP est consulté sur les arrêtés d’autorisation d’accès aux sites interdits d’accès (zones de protection intégrale) et de manipulation d’espèces protégées.

Périmètre et statuts de protection de la réserve naturelle nationale des Terres australes françaises

La réserve naturelle nationale (RNN) des Terres australes françaises, créée par le décret n°2006-1211 du 3 octobre 2006 et étendue par le décret n°2016-1700 du 12 décembre 2016 puis le décret n°2022-157 du 10 février 2022, couvre une superficie totale d’1 662 679 km², dont environ 7 700 km² de domaine terrestre et 1 655 000 km² de domaine maritime. Elle comprend la totalité des espaces terrestres et maritimes des Terres australes françaises. Couvrant 15 % de l’espace maritime français, la Réserve naturelle des Terres australes françaises constitue la plus vaste réserve naturelle de France et la 2e plus grande aire protégée au monde.

Au sein de la réserve naturelle, les enjeux de conservation et les activités humaines ne sont pas identiques sur l’ensemble du périmètre. Afin de tenir compte au mieux de ces différences sectorielles, 3 niveaux de protection ont été mis en place par le décret n°2006-1211 modifié : les zones soumises au régime général, les zones de protection intégrale et les zones de protection renforcée marine. À ces niveaux de protection s’ajoutent les zones réservées à la recherche scientifique et technique, définies par l’arrêté territorial n°14 du 30 juillet 1985 (cf. annexe 3).

En particulier, le domaine terrestre possède 3 niveaux de protection différents : le régime général terrestre, ou zone de protection dite « classique » ; les zones réservées à la recherche scientifique et technique, et les zones de protection intégrale. Le domaine marin possède 2 niveaux de protection différents : le régime général marin, ou zone de protection dite « classique » et les zones de protection renforcée.

Les sites réservés à la recherche scientifique et technique

L’arrêté territorial n°14 du 30 juillet 1985, applicable à la réserve naturelle nationale des Terres australes françaises, prévoit la création de « sites réservés à la recherche scientifique et technique », dont l’accès peut uniquement être autorisé pour l’exercice d’activités de même nature. Cet arrêté fixe des prescriptions générales car le classement effectif des sites fait l’objet de décisions spécifiques s’appuyant sur les besoins identifiés par les programmes de recherche ou de gestion. Il prévoit une durée limitée de classement ne pouvant excéder cinq ans, renouvelable, et peut s’accompagner d’un certain nombre d’interdictions délimitées dans le temps et dans l’espace, afin de ne pas porter atteinte à la faune ou à la flore qui font l’objet de suivis scientifiques. L’accès aux sites réservés à la recherche scientifique et technique est soumis à autorisation du préfet, administrateur supérieur, qui se prononce aux vues d’un dossier présentant l’objet de la demande, les opérations qui seront pratiquées sur le site, leur durée et leur fréquence. Le décret n°2006-1211 modifié rend en partie caduque le système mis en place par l’arrêté n° 14. Certains des sites concernés par cet arrêté s’étant vu accorder le statut de « zone de protection intégrale », instauré et réglementé par le chapitre IV du décret. Néanmoins, pour les autres sites, ce régime de protection demeure et renforce les mesures de conservation dans les zones étudiées de la Réserve.

Les zones de protection intégrale

Selon le chapitre IV du décret modifié de création de la réserve naturelle, toute activité humaine est interdite dans les zones dites de « protection intégrale ». Leur accès est également interdit, sauf en cas de force majeure ou de nécessité d’exercice de la souveraineté. L’article 21 du chapitre IV du décret n°2006-1211 modifié prévoit toutefois que des dérogations peuvent être accordées par le représentant de l’État.

Tout comme pour l’accès aux sites réservés à la recherche scientifique et technique, les demandes formulées pour pénétrer au sein des zones de protection intégrale doivent préciser les raisons de l’accès et les activités prévues. Concrètement, l’Institut polaire français (IPEV), qui assure le soutien technique et logistique de la très grande majorité des programmes de recherche ayant cours dans les Terres australes françaises, centralise chaque année les demandes d’accès à ces sites, puis les transmet à l’administration des TAAF. Le préfet, administrateur supérieur autorise, modère ou refuse ces demandes d’accès par arrêté, suite à l’instruction des demandes.

Les zones de protection renforcée marines

Le chapitre VI du décret n°2006-1211 modifié portant création et extension de la réserve naturelle nationale des Terres australes françaises institue les zones de protection renforcée marines, au sein desquelles :

  • toutes les activités industrielles ou commerciales sont interdites à l’exception : 1) des activités liées directement à la gestion, à la découverte et à l’animation de la réserve naturelle ; 2) des activités exercées à des fins de sécurité qui peuvent faire l’objet d’une dérogation du préfet, administrateur supérieur, après avis du Conseil scientifique de la Réserve naturelle;
  • toutes activités de pêche professionnelle et de loisirs sont interdites ;
  • tous rejets de déchets, y compris les déchets organiques et les déchets de poissons, sont interdits.

Par ailleurs, les activités scientifiques pratiquées dans ces zones sont soumises à autorisation du préfet, administrateur supérieur, après avis du Conseil scientifique de la Réserve.

Reconnaissance internationale

Zone humide «  RAMSAR »

Sur proposition du Ministère en charge de l’écologie, l’ensemble de la Réserve naturelle nationale des Terres australes françaises a été classée Ramsar lors de la 10e Conférence des parties en novembre 2008, offrant ainsi à la France le plus grand site labellisé Ramsar relevant d’un pays européen. Les zones humides sont omniprésentes sur les Terres australes françaises, la pluviométrie y étant élevée et les influences océaniques importantes. Selon leur localisation, elles prennent la forme d’habitats divers : habitats herbeux, habitats boueux enrichis par la présence d’oiseaux et mammifères marins, communautés de fougères ouvertes ou fermées, tourbières, etc.

Ces zones humides offrent des habitats aux oiseaux et mammifères marins, et permettent le développement d’espèces de flore et d’invertébrés. Les tourbières sont par ailleurs des lieux de fixation du carbone et d’épuration de l’eau. Ces zones revêtent, enfin, un intérêt culturel important, dans la mesure où elles représentent un des derniers lieux de « naturalité » au monde. Les habitats natifs et humides sont menacés par les espèces végétales et animales introduites dont l’action présente un risque de dégradation physique du milieu, de régression des espèces natives par prédation et/ou compétition, et d’uniformisation des paysages. Ces menaces sont accentuées par les changements globaux : l’augmentation des températures et la diminution des précipitations risquent de favoriser le développement des espèces introduites au détriment des espèces natives, adaptées à des environnements froids, humides, venteux et exempts de prédateurs.

Télécharger la fiche RAMSAR

Liste verte de l’UICN

En 2018, l’exemplarité du modèle de gestion de la Réserve naturelle des Terres australes françaises a été reconnue au travers du label « Liste verte des aires protégées et conservées » de l’UICN, qui réunit les espaces naturels les mieux gérés de la planète. Cette labellisation constitue une reconnaissance du travail conséquent accompli depuis plus de 10 ans au sein de la Réserve naturelle pour assurer la protection du patrimoine naturel, non seulement par les équipes des TAAF mais également les acteurs de la recherche scientifique et de la pêche.

En savoir plus sur le label « Liste verte »

Les Terres et mers australes françaises, patrimoine mondial de l’Unesco

Télécharger le livret Unesco

Contexte de l’inscription

Conscientes de l’importance de la reconnaissance à l’international du patrimoine naturel des Terres australes françaises, la France s’est engagée en 2016 dans une candidature de la réserve naturelle nationale sur la Liste du patrimoine mondial de l’Unesco.

Le 5 juillet 2019, à Bakou, à l’occasion de sa 43ème session, le Comité du patrimoine mondial de l’Unesco a inscrit les Terres et mers australes françaises – archipel Crozet, archipel Kerguelen et îles Saint-Paul et Amsterdam ainsi que leur zone maritime protégée – sur la prestigieuse Liste du patrimoine mondial de l’Humanité, au titre de son patrimoine naturel.

672 969 km² de superficie totale – 50e site marin du patrimoine de l’humanité – Plus vaste bien inscrit sur la Liste du patrimoine mondial

Situer le bien inscrit

Les Terres et mers australes françaises forment un bien en série – 3 éléments constitutifs – compris entre les 37e et 54e parallèles Sud, au cœur de l’océan Austral. Elles se situent dans la région australe de la collectivité d’outre-mer des Terres australes et antarctiques françaises (TAAF) et sont composées des districts de Crozet, Kerguelen et Saint-Paul et Amsterdam, qui forment les Terres australes françaises.

Les limites du bien correspondent au périmètre de la réserve naturelle nationale des Terres australes françaises en 2016, qui comprend la totalité des espaces terrestres des Terres australes françaises et 40 % de leurs zones économiques exclusives (ZEE), soit une superficie totale de de 672 969 km² (environ 7 500 km² de domaine terrestre et plus de 665 000 km² de domaine maritime).

La «valeur universelle exceptionnelle » des Terres et mers australes françaises

La « valeur universelle exceptionnelle » désigne tout ce qui a une importance naturelle tellement exceptionnelle « qu’elle transcende les frontières nationales et qu’elle présente le même caractère inestimable pour les générations actuelles et futures de l’ensemble de l’humanité » (Principes et règles de la Convention du patrimoine mondial et ses Orientations, 2005).

La VUE des Terres et mers australes françaises peut être résumée comme suit : « Les Terres et mers australes françaises Crozet, Kerguelen, Saint-Paul et Amsterdam sont les plus vastes des rares terres émergées du sud de locéan Indien. Eloignées des centres dactivités humaines, elles sont restées des sanctuaires de biodiversité. Elles abritent l’une des plus fortes concentrations et diversités d’oiseaux marins au monde, ainsi que l’une des plus importantes populations de mammifères marins. Leurs eaux très productives forment une « oasis » nourricière pour ces espèces. Cette nature sauvage et foisonnante au sein de paysages volcaniques grandioses forge le caractère sublime du bien. L’immensité de ces territoires et le modèle de gestion que porte la réserve naturelle nationale des Terres australes françaises assurent le maintien à long terme de ces espèces et la protection de ce patrimoine naturel unique. »

Parmi les 10 critères de sélection fixés par le Centre du patrimoine mondial (6 critères culturels et 4 critères naturels), la reconnaissance internationale de la valeur universelle exceptionnelle (VUE) des Terres et mers australes françaises par le Comité du patrimoine mondial repose sur trois critères (vii, ix et x).