Journée mondiale des océans : retour sur les grandes actions de protection dans les Terres australes et antarctiques françaises

08 Juin 2023   —  Terres australes et antarctiques françaises

Le jeudi 8 juin, les Terres australes et antarctiques françaises ont célébré la journée mondiale des océans ainsi que le deuxième anniversaire de la création de la réserve naturelle nationale de l’archipel des Glorieuses. Chaque année, à l’initiative du Sommet de la Terre tenu à Rio de Janeiro au Brésil en 1992, les océans sont célébrés à la date du 8 juin. Cette date permet de sensibiliser le grand public au rôle crucial que joue cette immense masse d’eau qui couvre plus de 70% de la surface terrestre et constituée de 5 océans connectés : Atlantique, Pacifique, Indien, Arctique et Austral.

Thermostat de la planète par l’intermédiaire des courants marins, puits de carbone grâce aux planctons qu’il abrite, plus grande réserve d’eau indispensable à la vie, l’océan mondial joue un rôle majeur dans l’équilibre du climat et ainsi la santé planétaire. Les services rendus par les écosystèmes marins et côtiers, bénéfiques aux populations humaines sont évalués à plus de 20 900 milliards de dollars par an (Plateforme Océan & Climat).

Cependant, les activités humaines ne cessent de l’affecter, altérant le monde vivant qu’il héberge et sa capacité à limiter les effets du changement climatique. Agir pour la préservation des océans est aujourd’hui une nécessité.

UN DEVOIR DE PROTECTION : LES TERRES AUSTRALES ET ANTARCTIQUES FRANÇAISES REPONDENT A L’APPEL

Les Terres australes et antarctiques françaises, avec leurs 2,3 millions de km2 de domaine maritime sont au cœur des enjeux planétaires. Cette présence singulière de la France dans le sud de l’océan Indien, carrefour stratégique et réserve incomparable de biodiversité, est une opportunité exceptionnelle pour répondre aux engagements pris à l’échelle nationale comme internationale, notamment en termes de gestion durable des ressources et de préservation du patrimoine naturel.

L’EXTENSION DE LA RESERVE NATURELLE NATIONALE DES TERRES AUSTRALES FRANÇAISES EN 2022

Au sud de l’océan Indien, les Terres australes françaises constituent des sanctuaires de biodiversité particulièrement préservés, qui recèlent un patrimoine naturel marin incomparable. A l’occasion du One Ocean Summit, le 11 février 2022, le Président de la République française, Emmanuel Macron, a annoncé l’extension de la réserve naturelle nationale des Terres australes françaises sur l’ensemble des eaux sous juridiction des archipels Crozet et Kerguelen et des îles Saint-Paul et Amsterdam, soit 15 % de l’espace maritime français.

One Océan Summit : annonce de l’extension de la RNN des Terres australes françaises

Avec plus d’1 ,66 millions de km2, la réserve naturelle des Terres australes françaises est ainsi devenue la deuxième plus vaste aire protégée au monde. L’immensité de cet espace protégé, incluant dans son périmètre l’ensemble des zones essentielles à la reproduction et l’alimentation des espèces sur un large gradient latitudinal et sur une vaste gamme bathymétrique, assure la protection d’un patrimoine naturel exceptionnel, représentatif de la diversité biologique de l’océan Austral : première population mondiale de manchots royaux, deuxième population d’éléphants de mer, troisième population mondiale d’otaries à fourrure d’Amsterdam, route de migration de baleines bleues Antarctique et pygmées, huit espèces d’oiseaux endémiques ou subendémiques telles que le cormoran de Kerguelen ou l’Albatros d’Amsterdam etc.

Ces zones de forte productivité primaire agissent également comme des « puits de carbone » (le phytoplancton absorbe le CO2), permettant ainsi une régulation du dioxyde de carbone émis à l’échelle planétaire.

PARTICIPATION A LA CAMPAGNE ADNE DE L’UNESCO

En décembre 2022 et en avril 2023, des jeunes scientifiques de l’Institut polaire Paul-Émile Victor (IPEV) et des Terres australes et antarctiques françaises ont participé, sur l’archipel Kerguelen et sur l’île Amsterdam, à la campagne d’échantillonnage d’ADN environnemental (ADNe) organisée par l’UNESCO. Ce projet mis en œuvre à l’échelle mondiale dans plus de 20 sites marins inscrits au Patrimoine mondial vise à améliorer les connaissances et mesurer les effets du changement climatique sur les espèces qui peuplent les océans.

Pour en savoir plus sur la campagne de l’Unesco : https://www.unesco.org/fr/edna-expeditions

LA CREATION DE LA RESERVE NATURELLE NATIONALE DE L’ARCHIPEL DES GLORIEUSES

Reconnues comme un des 36 points chauds de biodiversité à échelle mondiale, les îles Eparses abritent un patrimoine naturel marin riche, caractérisé par une forte diversité spécifique, d’importantes superficies de récifs coralliens préservés et la présence de nombreuses espèces et habitats patrimoniaux.

Photo : © Alexis Cuvillier

La visite inédite du Président de la République sur Grande Glorieuse le 23 octobre 2019 a permis de réaffirmer la volonté de la France de renforcer la protection de la biodiversité des Glorieuses par la création d’une réserve naturelle nationale couvrant l’ensemble du territoire, favorisant le développement de la recherche scientifique et garantissant la mise en œuvre d’activités humaines durables et exemplaires en matière de préservation de l’environnement.

En 2021 le Parc naturel marin des Glorieuses est transformé en réserve naturelle nationale (RNN) de l’archipel des Glorieuses par décret interministériel. En vue d’assurer une cohérence entre les outils de protection de l’environnement au sein des TAAF, la RNN de l’archipel des Glorieuses s’inspire du modèle adopté par la RNN des Terres australes françaises en termes de définition des périmètres, de réglementation et de gouvernance.

Comme les 169 autres réserves nationales, elle permet de faire connaître, préserver et gérer des ressources naturelles remarquables ou menacées, les soustrayant à toute intervention artificielle susceptible de les dégrader. Ainsi la protection des sites de reproduction de milliers de tortues vertes et d’oiseaux marins, de nombreuses espèces menacées de requins, de raies et de mammifères marins est renforcée. Elle place également sous une protection forte les vastes récifs coralliens de l’archipel. La création de cette réserve naturelle nationale s’inscrit directement dans la mise en œuvre de la stratégie nationale des aires protégées (2020-2030), annoncée par le Président de la République le 11 janvier 2021 lors du One Planet Summit à Paris.

Un travail est actuellement mené par les TAAF et la communauté scientifique pour classer l’ensemble des milieux terrestres et marins des îles Eparses sous statut d’aires protégées.

LA SCIENCE AU SERVICE DES ECOSYSTEMES CORALLIENS : RETOUR SUR LE PROJET RECIFS ISOLES 

Une première campagne scientifique a été réalisée en 2021 autour de l’archipel des Glorieuses. L’éloignement des récifs coralliens situés au nord du canal du Mozambique rend leur suivi complexe, coûteux et donc rare. Pour faire le point sur leur état de santé, les Terres australes et antarctiques françaises en coopération avec le Parc naturel marin de Mayotte a mis en place une mission d’acquisition de connaissances : la mission récifs isolés menée en partenariat avec l’OFB.

La deuxième campagne s’est déroulée dans les îles Éparses, plus précisément sur les îles : Juan de Nova, Europa et Bassas da India.

Les îles Éparses constituent des écosystèmes coralliens exceptionnels qu’il est nécessaire de mieux caractériser et connaître, d’un point de vue de la biodiversité et de la connectivité des populations des espèces récifales. Une attention particulière est portée sur les espèces benthiques pour lesquelles une gestion durable est primordiale afin d’assurer leur pérennité.

Cette campagne conjointe entre les TAAF et l’Université de La Réunion a permis de faire un premier état de référence des peuplements d’holothuries sur Juan de Nova, soumis aux pressions de pêche illégale.

Photo : © Alexis Cuvillier
Photo : © Alexis Cuvillier
Photo : © Alexis Cuvillier
Photo : © Alexis Cuvillier
Photo : © Alexis Cuvillier