La recherche dans les Terres australes françaises

Ecologiquement préservées et éloignées des pôles d’activités humaines, les Terres australes françaises sont de véritables laboratoires naturels qui contribuent depuis les années 1950 au développement des sciences du vivant, de la terre et de l’univers dans le subantarctique.

Comme en Terre Adélie, l’Institut polaire français Paul-Emile Victor (IPEV) coordonne la recherche scientifique dans les Terres australes françaises.

L’isolement et les climats extrêmes de ces régions imposent aux opérateurs une technicité et un savoir-faire particuliers. Regroupant des professionnels de la logistique polaire, l’institut met à profit sa connaissance des milieux extrêmes et ses compétences spécifiques pour coordonner, soutenir et mettre en œuvre entre soixante et quatre-vingts programmes scientifiques et technologiques chaque année dans les régions de hautes latitudes (Arctique, subantarctique, Antarctique).

Dans les Terres australes françaises, les équipes scientifiques se relayent dans les districts de Crozet, Kerguelen et Saint-Paul et Amsterdam pour mettre en œuvre différents programmes de recherche. Avec près de 150 chercheurs et scientifiques accueillis annuellement dans les Terres australes françaises, la pratique de la science constitue actuellement la principale activité exercée dans les districts.

Les Terres australes françaises sont des observatoires de la biodiversité reconnus à l’échelle internationale. Les espèces animales et végétales, parfaitement adaptées aux conditions extrêmes, sont très sensibles aux perturbations de leur environnement. Ces territoires représentent ainsi de véritables laboratoires à ciel ouvert permettant d’étudier la résilience des écosystèmes et leur évolution face aux changements globaux et aux impacts anthropiques. Les variables démographiques de la plupart des espèces d’oiseaux marins et de pinnipèdes sont ainsi enregistrées depuis plusieurs dizaines d’années, voire un demi-siècle pour certaines d’entre elles. Il en est de même pour la composition des communautés animales et végétales.

Photo : © JulienMIEUSSET
Photo : © Adrien Chaigne
Photo : © JulienMIEUSSET

Ces observatoires, ainsi que les suivis à long terme des populations animales et végétales permettent aux équipes françaises de disposer des plus longues séries de données disponibles dans le subantarctique. La réserve naturelle nationale des Terres australes françaises contribue également de manière significative à la mise en place de ces réseaux d’observation et à la collecte de données sur le terrain. Ces dernières sont en général mutualisées avec les programmes de recherche scientifique permettant ainsi d’affiner la connaissance des écosystèmes et la compréhension de leur fonctionnement. Les observatoires constituent également un outil indispensable à la Réserve naturelle pour évaluer l’efficacité des mesures de gestion. L’équipe gestionnaire bénéficie également de l’expertise du Muséum National d’Histoire Naturelle (MNHN) pour la gestion des pêcheries.

Les îles subantarctiques françaises figurent en outre parmi les rares endroits à ces latitudes où il est possible d’enregistrer l’activité géophysique de notre planète. Les données récoltées dans ce domaine sont d’une grande importance pour l’étude de la dynamique interne du globe.

Par ailleurs, il faut souligner la présence de Météo France sur chacun des 3 districts austraux dans le domaine de la météorologie, d’installations du Centre national d’études spatiales (CNES) à Kerguelen pour le suivi satellitaire, du Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) à Crozet et Kerguelen dans le cadre de la veille relative au Traité d’interdiction complète des essais nucléaires – TICE – signé en 1996, et la présence de stations de positionnement satellite à Kerguelen (GPS et Galiléo).L’excellence de la recherche scientifique française dans la région se mesure non seulement à la réputation des équipes de recherche au niveau international, mais aussi, de manière plus quantitative, au nombre de publications produites par les chercheurs français dans les revues scientifiques de haut niveau : une étude bibliométrique de la littérature scientifique sur la recherche polaire de 2010 classe la France au 5e rang mondial des auteurs d’articles relatifs à l’Antarctique (derrière de grands pays tels que les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Australie et l’Allemagne), et au 1er rang en ce qui concerne le subantarctique.

Au niveau marin, l’immense zone économique exclusive (ZEE) fait également l’objet régulier de campagnes scientifiques : des campagnes océanographiques, souvent internationales et pluridisciplinaires, opérées depuis le Marion Dufresne dont l’IFREMER est l’opérateur scientifique depuis 2017, des programmes de suivi des pêcheries ou encore des campagnes d’évaluation des ressources halieutiques. Ces campagnes en mer apportent des données indispensables à la description et à la compréhension des écosystèmes marins et leur évolution.