L’aventure postale dans les TAAF débute avec celle des frères Bossière sur Kerguelen. En effet, René Bossière, dont l’objectif principal est l’exploitation des Iles Kerguelen, est nommé « Résident de France » à Kerguelen en 1896 par le ministère des colonies, et il dispose à cet effet d’un matériel de timbrage avec des timbres de France métropolitaine. Cependant, c’est seulement en 1909 que le timbre administratif de la Résidence de France est utilisé sur le courrier en partance des îles Kerguelen.
En 1925, le ministère des colonies et le secrétariat général des PTT (Postes, Télégraphes, Téléphones) décident que seuls les timbres de Madagascar et de ses dépendances peuvent être utilisés pour l’affranchissement du courrier en partance des îles Kerguelen. Toutefois, suite à un désaccord entre l’administration et la société exploitante, aucun courrier ne porte la marque d’origine des Kerguelen entre 1924 et la fin de la seconde guerre mondiale.
En 1948, des « bureaux de poste » sont créés à Saint Paul et Amsterdam, à Kerguelen et en terre Adélie. L’affranchissement des correspondances est réalisé avec des timbres de Madagascar. Ainsi, les timbres à date témoignent de l’appartenance des territoires concernés à l’administration de Madagascar, sauf la terre Adélie qui bénéficie, à la demande de Paul-Emile Victor, d’une mention particulière : « Antarctique ».
Jusqu’en 1955 et la création officielle du Territoire des Terres australes et antarctiques françaises, le volume des correspondances est resté très restreint. Il s’est considérablement développé à partir de 1955 avec l’émission de timbres-poste au nom du nouveau Territoire et la substitution aux timbres à date existants d’un nouveau matériel portant le nom de chaque district. La préparation de l’année géophysique internationale entre juillet 1957 et décembre 1958 stimula considérablement l’activité des missions dans les Terres australes françaises et en Antarctique, ce qui eut aussi pour effet de précipiter les changements dans le domaine postal, et en 1961, un quatrième « bureau de poste » des TAAF est ouvert sur le district de Crozet. Depuis plus de soixante ans, le Territoire des Terres australes et antarctiques françaises a émis plus de 900 timbres. Les quatre gérances postales (Saint-Paul et Amsterdam, Crozet, Kerguelen et terre Adélie) fonctionnent toujours de la même façon et traitent, en plus du courrier privé des hivernants et du courrier administratif, un important courrier philatélique dû à l’engouement des collectionneurs français et internationaux.
L’activité postale des îles Eparses fut quasiment inexistante jusqu’en 2007, date à laquelle la collectivité s’est vue confier la pleine administration de ces îles, devenues ainsi le 5ème district des TAAF.
La philatélie des TAAF
Le statut de territoire d’outre-mer dont bénéficient les Terres australes et antarctiques françaises autorise la collectivité à émettre ses propres timbres-poste.
Cette activité représentant un apport financier non négligeable dans les ressources budgétaires du Territoire, l’administration des TAAF est particulièrement attentive à la qualité de ses émissions et s’associe aux spécialistes de la philatélie pour pouvoir répondre au mieux aux attentes des collectionneurs.
L’activité philatélique est pilotée par le cabinet du préfet, administrateur supérieur, en lien avec la direction des affaires administratives et financières des TAAF.
Les timbres des TAAF :
Des artistes et des sujets choisis
Chaque année, le préfet, administrateur supérieur, fixe par arrêté la composition du programme philatélique des TAAF. Les propositions reçues sont d’abord examinées par les membres de la commission philatélique des TAAF, qui rend un avis au préfet, administrateur supérieur, sur une sélection de sujets, d’artistes et de techniques, au sein de laquelle le préfet retient les 15 à 20 projets de timbres qui sont alors mis en fabrication, afin de sortir le 1er janvier de l’année suivante.
Phil@poste se voit confier par convention les étapes de contractualisation avec les artistes et de création des maquettes, en lien constant avec le cabinet. Une fois chaque maquette de timbre finalisée et validée, les mentions légales et obligatoires sont mises en place : valeur faciale en €, millésime, Postes (et non pas La Poste, qui est la désignation usuelle de la poste française), RF (pour République Française, les TAAF constituent un territoire d’outre-mer de la France), Terres australes et antarctiques françaises.
La maquette est ensuite envoyée à l’Imprimerie des timbres-poste de Périgueux (les TAAF ont signé une convention d’impression avec Phil@poste), qui réalisera la mise en page définitive du visuel puis imprimera le timbre suivant la technique choisie : offset, taille-douce ou héliogravure.
Des artistes et des sujets variés
Taille douce et tirage restreint
La majorité des émissions des TAAF sont imprimée en taille douce, cette technique est reconnue pour sa qualité graphique et artistique. La taille douce est un procédé de gravure en creux et à l’envers sur un bloc d’acier doux : l’artiste grave les traits du dessin avec un burin. L’encre d’impression se glisse dans les sillons, laquelle, en se déposant sur le papier, forme un léger relief. Le graveur reproduit ensuite les modelés et les dégradés par un jeu de hachurages de traits plus ou moins fins et plus ou moins serrés sur un poinçon original. Le poinçon sera transféré sur le cylindre d’impression de la machine.
Dans le cadre de l’impression offset, la copie du dessin est réalisée sur des plaques métalliques sans relief. L’image originale est transformée en une photographie en négatif qui est projetée sur la plaque métallique par une puissante insolation. Deux temps pour l’impression : le rouleau qui porte la plaque reporte l’image sur un cylindre en caoutchouc, qui améliore la qualité du transfert du film d’encre de la plaque sur un papier spécial gommé pour une reproduction en quantité de qualité.
Les carnets de voyages philatéliques
Depuis 1999, le service philatélique des TAAF a émis 8 carnets de voyages philatéliques. Ces carnets thématiques sont particulièrement appréciés par les collectionneurs et les passionnés d’aventures polaires qui y trouvent un contenu hybride : des timbres uniques et un texte thématique qui personnalise le carnet. Les timbres des 4 premiers carnets (terre Adélie, Marion Dufresne, Historique et Gourmand) ont été conçus à partir d’aquarelles originales. Ces carnets ne sont plus commercialisés en vente directe depuis le 1er janvier 2014. Sur les 4 carnets de voyage, actuellement en vente, trois présentent des sites géographiques des TAAF (les îles Eparses, les îles Australes, l’Antarctique) et le 4ème, intitulé « A la découverte de la Réserve naturelle nationale des Terres australes françaises » met en valeur le travail des équipes de la Réserve naturelle sur les îles subantarctiques. Ces carnets sont composés de 16 timbres réalisés à partir de photographies inédites et 16 cartes-photos personnalisées.
Gérants postaux et vaguemestres : les postiers des TAAF
A chaque mission et rotation de personnels dans les TAAF, des tampons commémoratifs et souvenirs sont élaborés. Dès leur première apparition, ces « marques postales privées » attirèrent l’attention des collectionneurs. L’engouement à l’égard de ces plis illustrés de tampons et ayant voyagé au bout du monde, donna l’idée à l’administration postale des TAAF de former et d’envoyer des gérants postaux attitrés à partir de 1978, avec pour mission de suivre une réglementation stricte afin de satisfaire tant aux conventions postales internationales qu’aux exigences particulières et originales des collectionneurs.
Les personnels de l’armée de l’air (PARDEF), recrutés par les TAAF pour prendre la responsabilité des télécommunications et de l’informatique sur les districts austraux et la terre Adélie sont appelés à remplir en parallèle une mission plus atypique, à laquelle ils ne sont pas préparés par l’institution militaire : celle du gérant postal (postier).
Après une formation théorique et pratique d’une quinzaine de jours à Paris et à La Réunion, les gérants postaux passent une année sur base pour gérer le flux de courrier des hivernants, de leurs proches et des philatélistes. Dans les districts austraux, l’activité des gérants postaux est particulièrement intense lors des rotations logistiques du Marion Dufresne qui ravitaille les districts quatre fois par an. En terre Adélie, lors des rotations de l’Astrolabe c’est environ 100 kg de courrier correspondant à 4 500-5 000 plis qui doivent être traités pendant la durée de l’escale (de quelques heures à quelques jours).
Le gérant postal est le seul sur la base à pouvoir envoyer ou réceptionner une dépêche postale qui correspond à l’ensemble des sacs contenant des plis et des colis en envoi simple ou recommandé. En général, la dépêche postale arrive et part de la base avec le premier hélicoptère.
Sur les îles Éparses, le vaguemestre est un gendarme chargé du service postal, il participe également à la surveillance du site avec les Forces Armées de la Zone Sud de l’Océan Indien (FAZSOI). Il assure le métier de postier et veille au bon fonctionnement du bureau de poste local.
Les gérants postaux et les vaguemestres doivent être capables de répondre aux demandes précises et souvent pointues des collectionneurs du monde entier. Ils doivent apposer sur les timbres une oblitération nette et lisible (cachet de la poste faisant foi) et sur l’enveloppe des tampons souvenirs d’hivernants ou de « campagnards » d’été. Les tampons plus prisés sont ceux des ornithologues, géologues, mécaniciens, chefs météo.… Ces tampons permettent de suivre, au fur et à mesure du temps, le panorama complet des activités sur les bases.