La présence de la souris grise impacte l’île par les pressions qu’elle engendre sur la régénération de la végétation, sur les communautés d’arthropodes (insectes, araignées, crustacés…) et probablement sur les populations d’oiseaux marins. Dans le cadre du projet RECI (Restauration des écosystèmes insulaires de l’océan Indien), les Terres australes et antarctiques françaises vont mener durant tout le mois d’août, une opération d’éradication de la Souris grise (Mus musculus) à Tromelin, dans les îles Éparses. Cette opération est financée par l’Union européenne dans le cadre du 11e Fond Européen de Développement (FED-PTOM).
L’objectif des projets de restauration des écosystèmes est de rétablir, autant que possible, les conditions naturelles de fonctionnement d’un écosystème, comme pour le projet RECI, par l’élimination des mammifères introduits. En effet, si les espèces présentes naturellement sur l’île ont pu s’adapter aux conditions environnementales parfois extrêmes, elles n’ont cependant développé aucun mécanisme de défense suffisamment efficace contre la colonisation de mammifères venant de l’extérieur. Les mammifères introduits représentent donc une importante menace pour la biodiversité insulaire, ayant un impact direct sur la faune et la flore indigène via la prédation, la compétition pour les ressources et la destruction d’habitats sensibles.
Cette opération d’éradication de la souris grise poursuit donc à la fois un objectif de conservation des écosystèmes de l’île Tromelin et un objectif de biosécurité[1] pour la prévention des risques d’introduction d’espèces exotiques envahissantes dans les îles Australes.
Historiquement, l’île Tromelin a fait l’objet de deux introductions de mammifères : le rat surmulot (Rattus norvegicus) et la souris grise. En 2005, une première campagne d’éradication des rongeurs a eu lieu en 2005 et a permis de retirer avec succès la population de rats surmulots de l’île. Pendant tout le mois d’août, une équipe de 8 agents des Terres australes et antarctiques françaises relève le défi d’éradiquer les souris grises encore présentes sur l’île et ainsi de libérer Tromelin de tout rongeur introduit. L’équipe RECI va rester un mois sur place, afin de mener à bien cette mission de restauration écologique.
Pour mener à bien cette mission, quatre différentes phases seront respectées :
📌 1ère phase : étude et suivi des écosystèmes
Elle a pour but, avant l’opération de restauration, de faire un état des lieux sur les espèces indigènes présentes sur l’île et sur les espèces exotiques (distribution, répartition et densité). Ce suivi est conduit sur l’île depuis plusieurs années.
📌 2ème phase : étude de faisabilité et planification opérationnelle
Une étude de faisabilité a été rédigée pour répondre à diverses questions : pourquoi faire ce type d’opération ? Est-ce techniquement réalisable ? Quelles sont les ressources nécessaires ? Est-ce que la probabilité d’une nouvelle invasion est maîtrisée ? Cette étude de faisabilité a été réalisée en juin 2022.
📌 3ème phase : l’opération de restauration en août 2023
C’est la phase de réalisation sur le terrain de l’opération d’éradication de la souris grise. Compte tenu de la superficie de l’île Tromelin (1km²), il est prévu de mettre en place un protocole de traitement de l’île par épandage manuel[2] à l’aide d’un rodonticide[3]. L’opération est prévue en août, période favorable, car les ressources alimentaires pour les souris sont moindres et l’effort de reproduction est ralenti.
Pour aider à la réalisation des épandages, une grille va être installée sur l’île en début de mission. Cette grille de 10×10 mètres sera matérialisée à l’aide de 8 000 piquets colorés. L’installation de cette grille est primordiale pour le bon déroulé de l’opération, car elle va servir de repère pour l’épandage, afin de s’assurer de ne pas oublier certaines zones de l’île à traiter.
L’opération sera réalisée via 2 épandages manuels de granulés de rodonticide à base d’anticoagulant espacés d’environ deux semaines. En complément de cet épandage au sol, un traitement des cocotiers sera assuré avec des blocs rodonticides sous forme de « bolas ». En parallèle, les bâtiments et infrastructures de la base seront traités grâce à la mise en place de stations d’appâtage.
A noter qu’il n’y a pas de risque d’empoisonnement des oiseaux marins, puisque ces espèces se nourrissent exclusivement en mer de poissons, céphalopodes, etc.
📌 4ème phase : suivi après l’opération de restauration
Cette quatrième et dernière phase permettra de vérifier l’élimination des souris et de suivre, sur le long terme, l’évolution du milieu naturel par rapport à l’état de l’environnement, évalué lors de la première phase. Un agent va rester sur place pendant 3 mois afin de commencer la surveillance post-éradication.
En savoir plus sur le projet RECI :
[1] Biosécurité : ensemble de mesures préventives et réglementaires visant à réduire les risques d’introduction et de dissémination d’espèces exotiques dans les écosystèmes qui en sont exempts.
[2] Epandage manuel : action de répandre au sol des granulés de rodonticide à la main.
[3] Rodonticide : Un produit rodonticide est une substance active ou une préparation ayant la propriété d’éliminer des rongeurs.