Lancement de la décennie pour la restauration des écosystèmes au programme de la journée mondiale de l’environnement 2021

05 Juin 2021   —  Terres australes et antarctiques françaises

Initiée par l’Organisation des Nations Unies (ONU) en 1972, lors de l’ouverture de la Conférence de Stockholm, la Journée mondiale de l’environnement est célébrée le 5 juin. Cette année, l’ONU lance la Décennie (2021-2031) pour la restauration des écosystèmes. Une problématique que les TAAF, en tant que gestionnaires d’une des plus grandes réserves naturelles au monde, ont intégrée depuis plusieurs années, et qui fait l’objet depuis 2020 d’un projet spécifique inscrit au 11e Fonds européen de développement (FED) : le projet de Restauration des écosystèmes insulaires de l’océan Indien (RECI).

Albatros fuligineux à dos sombre
Fous à pieds rouges
Albatros à bec jaune

La restauration, un outil complémentaire pour la conservation de la biodiversité des TAAF

L’écologie de restauration est « une action intentionnelle qui initie ou accélère l’autoréparation d’un écosystème qui a été dégradé, endommagé ou détruit, en respectant sa santé, son intégrité et sa gestion durable » (SER[1], 2004). Dans un contexte où de nombreuses pressions et menaces pèsent sur les écosystèmes, la restauration écologique vient appuyer et compléter l’action de conservation.

Considéré comme un sanctuaire de biodiversité, l’espace naturel du bassin sud-ouest de l’océan Indien est menacé. En effet, la présence d’espèces exotiques envahissantes (EEE) a été identifiée comme l’une des causes principales de la dégradation de ces milieux naturels. Le projet RECI vise donc à lutter contre l’impact des EEE dans les îles Éparses (Tromelin, Glorieuses, Juan de Nova, Europa), les îles Australes (Crozet, Kerguelen, Amsterdam), et l’îlot M’Bouzi à Mayotte. La réduction de la pression exercée par ces EEE permet d‘entamer la démarche de restauration des écosystèmes.

[1] SER : Society for ecological restoration international

 

Des territoires isolés à la biodiversité menacée

Les espèces présentes dans ces milieux naturels isolés ne sont pas à l’abri de l’impact des activités humaines. La liste rouge des espèces menacées en France, consacrée aux oiseaux, mammifères et reptiles, et publiée en 2015, par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), compte 100 espèces présentes dans les TAAF.

L’île Amsterdam (site pilote du projet RECI) abrite de nombreuses population d’oiseaux marins dont trois espèces d’albatros : l’albatros à bec jaune (Thalassarche carteri) et l’albatros fuligineux à dos sombre (Phoebetria fusca) classés comme « espèces en danger » sur la Liste rouge de l’UICN, et l’albatros d’Amsterdam (Diomedea amsterdamensis) classé comme « espèce en danger critique», pour laquelle un Plan national d’action (PNA) est mis en œuvre depuis 2010 et reconduit en 2018 pour une durée de 10 ans. Celui-ci a permis à la fois d’améliorer les connaissances sur l’espèce et d’initier des mesures concrètes pour sa conservation, contribuant ainsi à maintenir la croissance de la population tout en assurant un succès reproducteur élevé et une survie élevée des immatures ou des adultes.

Toutefois, il est indispensable de maintenir les efforts en engageant de nouvelles actions pour faire face aux menaces toujours présentes :

  • la dégradation de l’habitat de nidification;
  • les épizooties (des mortalités importantes de poussins d’albatros à bec jaune et fuligineux à dos sombre sont imputées chaque année au choléra aviaire);
  • la prédation par les mammifères introduits.

Le projet RECI intervient sur cette dernière problématique en limitant l’impact de ces espèces envahissantes sur les colonies d’albatros, notamment des rats qui peuvent prédater les œufs et/ou les poussins présents dans les nids.

Le projet s’inscrit dans la continuité des actions menées par les TAAF dans le cadre des plans de gestion des espaces naturels. Les opérations de dératisation réalisées sur l’île Saint-Paul en 1997, l’île du Lys (archipel des îles Glorieuses) en 2003 et l’île Tromelin en 2005 ont eu un impact extrêmement positif pour la préservation de la biodiversité. Ainsi, à Tromelin, les équipes des TAAF constatent un développement des colonies de fous masqués et fous à pieds rouges, l’installation ou la réinstallation de nouvelles espèces comme le Noddi brun, la Gygis blanche et la Sterne fuligineuse, multipliant par 8 le nombre d’oiseaux marins (Benkwitt et al., 2021).

Outre le fait de préserver la biodiversité endémique des îles, ces opérations sont aussi efficaces pour conserver et restaurer les voies nutritives fournies par les oiseaux marins qui jouent un rôle fondamental dans l’équilibre des écosystèmes insulaires. Ils permettent de transférer une source de nutriments dans les milieux naturels en assurant des échanges des habitats pélagiques vers les habitats terrestres et côtiers. Ainsi, la restauration de la population d’oiseaux permet également la restauration de la biodiversité en milieu marin côtier.