Nouveauté : le guide d’identification des plantes des îles subantarctiques Crozet et Kerguelen !

20 Avril 2021   —  Réserve naturelle nationale des terres australes françaises, patrimoine mondial de l'Unesco

 

Fruit d’un important travail de collecte et d’analyse de données, par Isabelle Badenhausser de l’Institut national de la recherche agronomique (INRAE), Lise Chambrin des Terres australes et antarctiques françaises (TAAF) et Marc Lebouvier de l’unité « Ecosystèmes, Biodiversité, Evolution » du Centre national de la recherche scientifique (CNRS-ECOBIO), un premier “Guide d’identification des plantes des îles subantarctiques Crozet et Kerguelen“(1) vient d’être rédigé. Destiné avant tout aux scientifiques et agents sur le terrain, ce guide est également un excellent ouvrage de vulgarisation pour découvrir toute la richesse de la flore des deux districts austraux des TAAF.

Depuis 1774,  date des premiers prélèvements et descriptions d’espèces végétales sur l’archipel Kerguelen, la connaissance de la flore des îles subantarctiques françaises n’a cessé de progresser. Aujourd’hui, grâce aux travaux menés depuis le milieu des années 1970 par le projet scientifique IPEV-136 « Subanteco » et aux actions portées par les TAAF au sein de la réserve naturelle nationale des Terres australes françaises depuis 2006, de nombreuses données sur la distribution et l’écologie de la flore native et introduite ont pu être recueillies.

Cependant, il n’existait pas encore d’ouvrage de référence présentant la flore de Crozet et Kerguelen ainsi qu’une clé de détermination permettant leur identification par les personnes amenées à séjourner sur ces territoires. Ce vide est à présent comblé grâce aux travaux menés conjointement depuis 2019 par Isabelle Badenhausser (INRAE), Lise Chambrin (TAAF – réserve naturelle nationale des Terres australes françaises) et Marc Lebouvier (CNRS, ECOBIO, Station biologique de Paimpont).

Un guide scientifique de référence pour tous

Les données historiques de présence et de distribution des espèces, ainsi que les descriptions indiquées dans le guide, reposent sur les données collectées et enregistrées par les agents de la Réserve naturelle et les scientifiques du projet IPEV 136 dans une base de données commune : la base “Habitat Flore Invertébrés” (HFI). Les noms scientifiques utilisés sont quant à eux extraits de la version 13.0 de TAXREF (2).

Le guide s’adresse à tous, notamment les scientifiques et les agents déployés sur le terrain, qui ont besoin d’identifier les différentes espèces de plantes dans le cadre de protocoles de recherche ou d’opérations de gestion. Muni d’une clé de détermination simplifiée, et agrémenté de photos et de descriptions détaillées, l’ouvrage permet aux curieux d’enrichir leurs connaissances sur la flore si atypique des Terres australes françaises.

Une flore native

Coussin de lyallia kerguelensis, espèce strictement endémique de l’archipel Kerguelen (c) Hugues FERTIN

La flore native définit les espèces naturellement présentes sur un territoire donné. Les communautés végétales des archipels Crozet (Île de la Possession) et Kerguelen sont caractérisées par une faible richesse spécifique : on dénombre 17 espèces de plantes à graines (spermaphyte) à Crozet et 22 à Kerguelen, alors qu’en France métropolitaine plusieurs milliers de plantes à graines sont dénombrées. La majorité des espèces de Crozet et Kerguelen appartiennent à la flore circumpolaire australe.

Les autres espèces sont endémiques du domaine subantarctique et une seule espèce, le Lyallia kerguelensis, se trouve uniquement sur l’archipel Kerguelen.

La flore introduite

Malheureusement, la flore présente sur ces territoires ne se limite pas aux espèces natives. De nombreuses espèces végétales ont été introduites sur les îles par l’homme. La dernière synthèse publiée en 2005 par Y.Frenot dans Biological Reviews fait état de 59 espèces exotiques de spermaphytes à Crozet et 69 à Kerguelen. Celles-ci sont majoritairement communes à la flore européenne et principalement distribuées sur les secteurs où se concentrent les activités humaines (base permanente, cabanes, sentiers, campements, etc.).

Parmi ces espèces exotiques, certaines sont devenues envahissantes, comme le pissenlit (Taraxacum gr. Officinale), certaines espèces de poaceae telles que le pâturin annuel (Poa annua) ou le pâturin des prés (Poa pratensis). Largement répandues sur le territoire, elles rentrent en compétition avec des espèces de la flore native. Depuis 2005, des évolutions ont été constatées, d’une part en relation avec l’accélération des effets liés au changement climatique sur l’écologie, et d’autre part avec la dynamique spatiale et temporelle des espèces. Les TAAF mènent des actions de gestion (biosécurité, lutte contre les espèces exotiques) afin d’éviter de nouvelles introductions et de limiter l’expansion des espèces déjà présentes au sein de la réserve naturelle nationale des Terres australes françaises.

 

Bibliographie
(1) Référence de l’ouvrage : Badenhausser, I., Chambrin, L., Lebouvier, M., 2020. Guide d’identification des plantes des îles sub-Antarctiques Crozet et Kerguelen. Angiospermes. 1re édition. Imprimerie Nouvelle Biard, 151 p. DOI : 10.15454/1.600250751724048E12
 
(2) Référentiel taxonomique national pour la faune, la flore et la fonde de France métropolitaine et d’outre-mer, élaboré et diffusé par le Muséum national d’Histoire naturelle.
Espèces emblématiques des îles subantarctiques : le choux de Kerguelen (pringlea antiscorbutica) et l’acaena magellanica photographiées sur l’île Australia, archipel Kerguelen (c)RNN TAF
leptinella plumosa, une espèce native affectionnant les milieux côtiers (c) Clément Quetel