Le 4 septembre 2023, la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) a publié à destination des décideurs son rapport sur l’évaluation mondiale sur la problématique des espèces exotiques envahissantes (EEE). Il rappelle la pression croissante des EEE sur la biodiversité et présente également les principales pistes pour gérer cette menace.
L’IPBES (Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques) a pour mission de renforcer les politiques et les décisions par le biais de la science, pour la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité, le bien-être humain à long terme et le développement durable.
La menace des EEE, dans les territoires isolés des Terres australes et antarctiques françaises
Si les écosystèmes des Terres australes et antarctiques françaises sont constitués de zones relativement bien préservées du fait de leur isolement, ils ne sont néanmoins pas épargnés par la présence d’EEE et de leurs impacts. L’intensité de ces menaces et des impacts diffère d’une île à l’autre et est principalement corrélée au degré d’anthropisation et aux activités présentes (aujourd’hui et par le passé) sur et autour de chacune des îles.
Comme l’ensemble des milieux insulaires, les îles des Terres australes et antarctiques françaises sont des écosystèmes fragiles où la faune et la flore terrestres ont une faible capacité de résilience vis-à-vis de nouvelles espèces volontairement ou involontairement introduites. Le changement climatique ajoute également un facteur de modification des équilibres de répartition entre les espèces natives et exotiques. Les espèces exotiques envahissantes sont donc l’une des principales menaces pesant sur cette biodiversité (compétition pour l’espace, prédation sur les espèces natives, impact sur le couvert végétal et la dynamique de végétation, dissémination d’agents pathogènes, etc.).
Que ces espèces soient végétales (pissenlits et graminées dans les îles subantarctiques, choca et filaos dans les îles Eparses, etc.) ou animales (chats harets, lapins, rats, souris, moutons, rennes, etc.), leurs impacts ont d’ores et déjà eu des conséquences dramatiques en conduisant notamment à la régression des populations de certaines espèces endémiques ou à la transformation de certains habitats naturels.
Des multiples actions menées en matière de lutte
Pour lutter contre cette menace, les Terres australes et antarctiques françaises ont engagé de nombreuses opérations de lutte contre les espèces exotiques envahissantes, présentes sur son territoire, à travers la mise en place d’actions de surveillance, de restauration, et de sensibilisation. Un volet important de la logistique d’accès et de déplacement vers les territoires porte sur l’application de mesures strictes en matière de biosécurité. Ces actions sont inscrites comme prioritaires dans les programmes cadres pluriannuels (plans de gestion des réserves naturelles nationales, plans nationaux d’action) , mais peuvent également être mises en œuvre sous forme d’interventions ciblées (par exemple la lutte contre le choca à Europa ou l’éradication des chats de Juan de Nova). Des projets spécifiques visent spécifiquement la lutte contre les EEE et leurs impacts, comme par exemple le projet RECI (Restauration des écosystèmes insulaires de l’océan Indien) cofinancé par l’Union Européenne. Celui-ci vise, sur la période 2019-2024 à restaurer la biodiversité insulaire par des actions d’éradication des mammifères introduits. Il a également pour objectif de renforcer les compétences régionales en matière de suivi des écosystèmes, et le déploiement de mesures de biosécurité permettant de limiter l’introduction de nouvelles espèces sur les îles.
Lire l’article sur les récentes actions du projet sur Tromelin : https://taaf.fr/actualite/projet-reci-operation-de-restauration-des-ecosystemes-a-tromelin/
Accéder au résumé pour les décideurs (http://especes-exotiques-envahissantes.fr/wp-content/uploads/2023/09/summary-for-policymakers-ipbes-invasive-alien-species-report.pdf)
