L’Union européenne mobilisée pour la préservation de la biodiversité à Kerguelen

08 Octobre 2025   —  Terres australes et antarctiques françaises

Le projet OPACK (OPtimisation des Actions de régulation du Chat haret à Kerguelen), lancé en novembre 2024, s’inscrit dans le cadre du programme BEST Life 2030 de l’Union européenne, un fond dédié à la protection de la biodiversité dans les territoires ultramarins. Porté par l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature), ce financement témoigne de l’engagement de l’UE en faveur des écosystèmes fragiles, comme celui de l’archipel de Kerguelen. Grâce à ce soutien, des actions ambitieuses sont déployées pour contrer le chat haret, l’une des principales menaces pesant sur des espèces emblématiques, comme l’albatros hurleur : le chat haret.

Le chat haret à Kerguelen

En 1951, deux chats originaires de France métropolitaine ont été introduits à Port-aux-Français pour lutter contre les rongeurs. Deux autres individus, en provenance de Madagascar et d’Afrique du Sud, ont ensuite été apportés en 1956. Rapidement, ces animaux se sont échappés de la base et ont formé une population sauvage, aujourd’hui estimée à 7 000 individus sur la Grande Terre, avec une densité variant de 0,4 à 2,4 individus/km².

Un bouleversement écologique majeur

L’établissement d’une population des chats harets a profondément modifié l’écosystème de Kerguelen, notamment par son impact sur la dynamique des populations d’oiseaux. Les chats s’attaquent en effet aux poussins et aux adultes d’espèces autrefois non sujettes à la prédation. Exemple frappant : le succès reproducteur de l’albatros hurleur (classé « En danger » par l’UICN) chute à 12 % en présence de chats, contre 86 % en leur absence, ce qui entraine un déclin annuel de 2,7 à 4,5 % de la population chaque année et menace son maintien à long terme.

Photo : © Fabrice LEBOUARD / TAAF

Actions et défis sur le terrain

Depuis 2015, les TAAF mènent des actions ciblées pour réduire l’impact des chats harets sur trois sites de nidification de l’albatros hurleur de la péninsule Courbet (pointe Morne, pointe Scott et Ratmanoff). En complément, des interventions ont ponctuellement lieu sur certaines îles du golfe du Morbihan pour limiter l’expansion géographique du chat et protéger de petites espèces, comme le pétrel à tête blanche ou le prion de Belcher, qui nichent en terriers et sont donc très vulnérables à la prédation du félin. Cependant, les conditions climatiques extrêmes de Kerguelen éprouvent les équipes et le matériel. Après dix ans d’efforts, le projet OPACK (2025) permet de remplir deux objectifs majeurs : renouveler le matériel de piégeage et améliorer la détection des chats grâce à des équipements de vision nocturne.

Un espoir pour de nombreuses espèces

À terme, ces actions devraient bénéficier à plus de 15 espèces d’oiseaux nicheurs, dont le manchot papou, le gorfou macaroni, le chionis, le canard d’Eaton, le cormoran de Kerguelen, le pétrel bleu et la sterne de Kerguelen. L’enjeu est clair : éviter un effondrement des populations d’oiseaux et préserver un écosystème unique.