Journée mondiale du climat : tous concernés !

15 Décembre 2020   —  Terres australes et antarctiques françaises

Mardi 8 décembre 2020 était célébrée la journée mondiale du climat. Problématique planétaire, les enjeux climatiques concernent donc également les territoires de la collectivité des Terres australes et antarctiques françaises. Ces derniers occupent une position exceptionnelle, puisqu’ils couvrent un ensemble de sites s’étendant sur un gradient de 80% de l’hémisphère sud, et hébergent une biodiversité particulièrement sensible aux perturbations environnementales. Dans le cadre de sa mission d’observatoire territorial de la biodiversité, les suivis sur le long-terme constituent un axe fort d’acquisition de connaissances afin de mieux comprendre les effets de ces changements sur les écosystèmes pour apporter les réponses appropriées.

Dans le périmètre de la Réserve naturelle nationale des Terres australes françaises

Le changement climatique se manifeste sous ces latitudes non seulement par une élévation de la température moyenne, mais également par un déficit des précipitations annuelles. Cette évolution fragilise les espèces indigènes adaptées au froid et aux conditions humides, et favorise à l’inverse les espèces introduites, plus compétitrices et en grande majorité originaires de régions plus tempérées.

Un partenariat efficace est mené avec l’Institut Polaire Français Paul-Emile Victor (IPEV) qui assure la responsabilité des programmes scientifiques et des suivis de long terme.

L’emblématique chou de Kerguelen

L’emblématique chou de Kerguelen (Pringlea antiscorbutica), est victime de la diminution des précipitations enregistrée depuis les années 70. Des expériences et des observations sur le terrain ont montré que la survie des plantules de choux de Kerguelen est très faible sur les sites pauvres en eau (Hummels et al. 2004).

La réserve naturelle nationale des Terres australes françaises a mis en place depuis 2012 un observatoire pour suivre sur le long-terme l’état de santé de plusieurs populations de choux de Kerguelen à Crozet et Kerguelen. Il en ressort que si le taux de survie est correct, nombre d’entre eux présentes des traces apparentes de stress hydrique et sont, en général, moins vigoureux qu’en 2012. Un troisième passage en 2021 permettra de confirmer ces observations.

Le programme scientifique Proteker,

Caractériser l’impact du changement climatique sur les écosystèmes marins des îles subantarctiques implique un suivi à long-terme et la collecte continue de données environnementales. À travers la mise en place d’un observatoire sous-marin, le programme scientifique et pluridisciplinaire PROTEKER (IPEV n°1044) évalue les effets des changements environnementaux sur la biodiversité marine côtière des mers australes.

L’objectif est de prévoir les changements attendus dans ces écosystèmes fragiles, d’évaluer leur vulnérabilité et de planifier les actions de gestion appropriées. En fournissant à la collectivité des TAAF des données scientifiques pour la protection et la conservation des écosystèmes marins côtiers, le projet contribue pleinement à l’atteinte des objectifs du plan de gestion de la réserve naturelle nationale des Terres australes françaises.

Pour en savoir plus sur ce programme, cliquez sur ce lien : proteker.net

libre utilisation. convention n°54 du 10 nov 2006

Dans les îles Eparses

Les îles Éparses ne sont pas épargnées par les variations du climat. Une élévation moyenne de la température d’un degré a été enregistrée depuis 50 ans, et la pluviométrie annuelle est en constante baisse. Ces modifications climatiques locales modifient les paysages écologiques, la biologie des espèces et la dynamique de la biodiversité des milieux terrestres et marins (Données MétéoFrance).

Fort de ce constat et avec le soutien de l’IFRECOR, la collectivité des TAAF a mis en place en 2018 un réseau de stations d’observation continue des températures des eaux marines des récifs coralliens des îles Eparses (réseau ROTIE). Le suivi de la température de l’océan permet de comprendre les phénomènes de mortalité des coraux, aussi appelé blanchissement corallien. Ces connaissances sont indispensables pour évaluer l’état de santé de ces écosystèmes des plus productifs et diversifiés de la planète, et pour atténuer à terme les facteurs extérieurs aggravant leur dégradation et leur déclin.

Ce suivi a notamment permis en 2020 d’identifier le premier blanchissement sévère sur les récifs d’Europa, où les températures du platier récifal ont atteint 32°C pendant plusieurs semaines.

Dans une volonté de coopération sur la thématique du changement climatique, les TAAF et la Fondation Prince Albert II de Monaco soutiennent les travaux du projet « Clim-Eparses » porté par l‘IRD (Consortium de Recherche « Iles Eparses 2017-2020 »), qui s’intéresse au processus actuel d’acidification de l’océan et à son effet sur le métabolisme des récifs coralliens. Parce que suivre les variations du climat actuel ne donne qu’une information partielle sur une courte fenêtre temporelle, l’IRD, l’Université de La Réunion et l’Université de Berlin mènent en parallèle des travaux de reconstruction du climat sur plusieurs centaines d’années, à partir de carottes de corail.