INCENDIE SUR L’ÎLE AMSTERDAM : POINT DE SITUATION

13 Mars 2025   —  Terres australes et antarctiques françaises

L’incendie qui sévit sur l’île Amsterdam, dans les Terres australes et antarctiques françaises, depuis le 15 janvier 2025 a touché une surface estimée à 2 578 ha, soit près de 55 % de l’île. La mission de reconnaissance réalisée fin février sur l’île a permis de constater que malgré le passage de deux tempêtes, de nombreux points chauds persistent et sont susceptibles de réactiver l’incendie, notamment dans des zones de tourbières. Cette mission a également permis de réaliser un état des lieux complet de la base Martin-de-Viviès et d’effectuer une inspection du site sur lequel l’incendie s’est déclaré.

Une mission de reconnaissance composée d’un détachement de quatre sapeurs-pompiers du SDIS de La Réunion et de sept personnels des TAAF, dont la cheffe de district, un médecin et des techniciens, s’est rendue fin février sur l’île Amsterdam à bord du Floréal, frégate de surveillance de la Marine nationale.

La reconnaissance réalisée depuis la frégate a permis d’observer la persistance de plus d’une vingtaine de points chauds tout autour de l’île, à l’exception des falaises d’Entrecasteaux, site de nidification des albatros à bec jaune et des gorfous sauteurs, qui est à ce jour épargné.

L’état des lieux réalisé sur base a permis de dresser les principaux constats suivants :

  • seules trois installations bâties ont brûlé: la pépinière de Phylica, la cabane Mataf en périphérie de la base et l’ancien refuge du cratère Antonelli. Les autres bâtiments de la base, à Pointe Bénédicte et en sites isolés n’ont pas été touchés par les flammes ;
  • de nombreux chemins de câbles électriques ont été endommagés, rendant inopérant le réseau électrique de la base. Les infrastructures de production d’énergie ont toutefois été épargnées;
  • les équipements vitaux de l’hôpital sont indemnes;
  • le réseau incendie de la base (collecteurs) est hors d’usage;
  • l’ensemble des denrées fraîches sont perdues en raison d’une rupture d’alimentation électrique des chambres froides.

Les personnels techniques, appuyés par les personnels du SDIS, ont pu mettre en sécurité les installations vitales de la base, notamment :

  • déconnexion des deux parcs photovoltaïques du réseau électriqueendommagé de la base ;
  • remise en service du système de circulation de l’eau dans les 4 bâches alimentant la base;
  • remise en service du système de ventilation des bâtiments pour limiter l’humidité et évacuer le monoxyde de carbone si des fumées revenaient sur la base;
  • remise en service des principaux moyens de communication internes ;
  • débroussaillage des zones les plus exposées en cas de reprise d’incendie.

La mission d’expertise réalisée sur le site de Pointe Bénédicte, où ont été observées les premières flammes, n’a à ce stade pas permis de déterminer les causes de l’incendie. Une expertise complémentaire est en cours par les spécialistes du SDIS de La Réunion.

Si la mission de reconnaissance n’a pas permis de réaliser une étude de l’impact de l’incendie sur l’environnement, plusieurs éléments peuvent d’ores et déjà être établis :

  • l’incendie a touché la plupart des boisements de phylica arborea de l’île;
  • les falaises d’Entrecasteaux ayant à ce stade été épargnées, l’impact sur la population d’albatros à bec jaune et de gorfous sauteurs devrait être nul;
  • au regard de la position des nids actifs d’albatros d’Amsterdam (espèce endémique stricte) début 2025, un seul nid se situait dans l’emprise de l’incendie et la majorité des poussins étaient à l’envol. La période de ponte pour la prochaine saison de reproduction est en cours. Si l’incendie arrête sa progression et n’impacte pas plus la zone de nidification, l’impact sur l’albatros d’Amsterdam devrait rester faible.

Au regard de l’ensemble des éléments techniques recueillis lors de la mission de reconnaissance, la préfète, administratrice supérieure des Terres australes et antarctiques françaises a décidé de conditionner le redéploiement de personnels sur l’île à quatre objectifs vitaux :

  • l’absence de point chaud menaçant directement le périmètre de la base;
  • le rétablissement d’un système opérationnel de lutte contre l’incendie sur base;
  • le rétablissement d’un système fiable de production d’eau propre à la consommation humaine;
  • la réalisation de coupe-feux complémentaires autour de la base.

Les équipes des Terres australes et antarctiques françaises et leurs partenaires étudient actuellement la faisabilité technique de réaliser tout ou partie de ces opérations lors de la prochaine rotation du Marion Dufresne, prévue au mois d’avril prochain.

Cette rotation permettra également aux équipes de l’Institut polaire français (IPEV) de réaliser un diagnostic approfondi de l’état des équipements scientifiques, principalement impactés par les ruptures d’alimentation électrique survenues suite à l’incendie et leur mise en hivernage en attendant la remise en service de la base et de Pointe Bénédicte.

Vue sur la base
Photo : © TAAF-SDIS
Pompiers en action
Photo : © TAAF-SDIS
Photo : © TAAF-SDIS
Les membres de la mission
Photo : © TAAF-SDIS
Photo : © Marine nationale

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