Comment faire face à des espèces introduites sur un territoire ? Quels moyens mettre en œuvre pour protéger les espèces endémiques ? Comment suivre leur évolution ? Les spécialistes des environnements insulaires ont partagé leurs expériences lors d’un webinaire organisé par les TAAF sur le thème « La gestion des chats en milieu insulaire ». Retour sur ces échanges.
Grande Glorieuse : le chat haret déséquilibre l’écosystème
Dans le cadre du projet RECI (Restauration des écosystèmes insulaires de l’océan Indien), les TAAF ont mené une première opération de maîtrise des chats sur l’île Grande Glorieuse, dans les îles Éparses, où le chat haret cause de nombreux dommages aux espèces natives tel le scinque aux yeux de serpent, les juvéniles de tortues vertes ou encore l’avifaune indigène comme le bulbul des Glorieuses. Sa présence limite également l’installation d’oiseaux marins nicheurs et est très probablement à l’origine de la disparition d’espèces comme l’amphiglosse de Valhalla.
C’est donc dans une logique de restauration et de préservation des écosystèmes que les TAAF mènent une grande campagne d’éradication des chats harets de l’île Grande Glorieuse. Objectif : rétablir la fonctionnalité des écosystèmes par la suppression de la pression de prédation sur les espèces animales indigènes et indirectement sur l’ensemble des communautés végétales présentes sur l’île.
L’opération s’est déroulée en deux phases distinctes :
📌 Une 1ère phase de mi-janvier à début mars 2022, qui visait une diminution rapide de la population sur un pas de temps court grâce à un dispositif de capture important et la mobilisation de9 agents de la direction de l’environnement des TAAF.
📌 Une 2ème phase de mi-juillet à mi-août 2022, qui a permis de vérifier la présence des derniers individus, de les localiser par la définition de leurs territoires, et de parvenir à leur capture. 5 agents de la direction de l’environnement des TAAF ont participé pendant 1 mois à cette deuxième phase.
D’après les dernières observations réalisées, il ne resterait plus qu’un seul chat sur l’île. Un suivi par pièges photographiques est prévu dans les prochains mois pour confirmer cette hypothèse et affirmer le succès de cette première opération de restauration menée dans le cadre du projet RECI.
Et ailleurs, comment ça se passe ?
Pour partager les connaissances acquises dans le cadre du projet mené à Grande Glorieuse et s’enrichir du retour d’expérience d’actions menées sur d’autres territoires, les TAAF ont organisé le 22 septembre dernier un webinaire auquel ont participé une trentaine d’acteurs de la conservation de la nature.
A cette occasion, trois spécialistes des enjeux de restauration des écosystèmes insulaires ont pu partager leur expérience :
✔ Martin CAGNATO, chargé des mammifères introduits dans les îles Éparses au sein de la Direction de l’environnement des TAAF, qui a présenté un « Retour d’expérience sur l’opération d’éradication des chats harets à Glorieuse » ;
✔ Antoine EDÉ, chargé de mission conservation de la faune sauvage au Parc national de La Réunion, qui a partagé les expériences du Parc national en termes de « Gestion du chat au sein du parc national de La Réunion » ;
✔ Éric VIDAL, directeur de Recherche, spécialiste en biologie de la conservation (IRD – UMR ENTROPIE), qui a fait état des actions concernant les « Chats haret en Nouvelle-Calédonie : de la recherche scientifique aux premières mesures de gestion ».