Clôture du Consortium de recherche îles Éparses : bilan de 4 années de recherche dans le district des TAAF et perspectives d’avenir.

27 Janvier 2022   —  Terres australes et antarctiques françaises

Ce jeudi 27 janvier 2022 débute un séminaire scientifique, en visioconférence, dédié à la recherche dans les îles Éparses. Pendant deux jours, les responsables scientifiques de 12 projets, lauréats de l’appel à projets lancé en 2017 par les membres du Consortium, partageront les résultats de leurs recherches entre eux et avec les membres du comité de pilotage et du comité scientifique du Consortium. Les étudiants de l’Université de La Réunion et du CUFR de Mayotte participeront également aux présentations de restitution.

Ce séminaire est un événement important qui marque la clôture du Consortium de recherche inter-organismes « îles Éparses » 2017-2021.

OBJECTIFS DU SÉMINAIRE SCIENTIFIQUE DE RESTITUTION

Ce séminaire présente un double objectif :

  1. restituer et partager les résultats, partiels ou définitifs, des projets de recherche lauréats de l’appel à projets pluridisciplinaire « îles Éparses» lancé en 2017, et ainsi clôturer les activités du Consortium 2017-2021 ;
  2. partager les avancées scientifiques permises dans le cadre de ce Consortium et dresser un bilan qui nourrira la réflexion sur le développement de la recherche dans les îles Éparses pour la période 2022-2026.

Les douze projets réalisés dans ce cadre se sont intéressés au changement climatique (prévisions météorologiques) et à ses effets sur la biodiversité (capacité d’adaptation des espèces à la hausse des températures), à la dynamique des populations animales en cas de modification du milieu, à la diversité génétique des espèces végétales, ou encore à la pollution plastique.

Les résultats déjà obtenus permettent non seulement d’apporter de nouvelles connaissances scientifiques (découverte de nouvelles espèces, compréhension plus fine des milieux…) mais aussi de mettre en place des mesures de gestion et des protocoles de suivi dans les îles Éparses, notamment grâce au travail des agents de conservation des TAAF basés dans l’île Europa, dans l’archipel des Glorieuses et dans l’île Tromelin. Ceux-ci ont contribué à la préparation de certains projets en amont des phases de terrain. Ils ont également accompagné les équipes de recherche sur le terrain et assurent encore aujourd’hui le suivi de stations d’observation et la mise en œuvre de protocole de restauration des milieux.

QU’EST-CE QUE LE «  CONSORTIUM DE RECHERCHE ÎLES ÉPARSES » ?

La communauté scientifique internationale considère que la situation géographique des îles Éparses et leur état de conservation exceptionnel, de par leur isolement géographique, le caractère insulaire et une présence humaine historiquement très limitée, offrent un support unique pour le développement de la recherche française et internationale. Elle qualifie même les îles Éparses de « sanctuaires océaniques de la nature primitive » disposant d’un patrimoine biologique terrestre et marin remarquable.

Les TAAF bénéficient de plusieurs décennies d’expérience dans le soutien aux activités de recherche en milieux isolés dans le cadre de la gestion de leurs territoires austraux et polaire. Gestionnaires des îles Éparses depuis 2005, les TAAF se sont engagées à étendre leur rôle d’appui à la recherche dans ce district situé en zone tropicale.

En l’absence de compétences de l’Institut polaire français Paul Emile Victor (IPEV) dans les îles Éparses, un Consortium (ou groupement) de recherche inter-organismes fut créé, permettant de contribuer à l’avancement des connaissances scientifiques sur des thématiques au cœur de grands enjeux planétaires tels que le changement climatique, l’évolution de la biodiversité, ou encore l’impact de l’Homme sur son environnement. Certaines des connaissances acquises dans le cadre du Consortium de recherche servent directement à définir les stratégies de conservation mises en œuvre par les TAAF sur ces territoires.

La participation au Consortium est régie par la signature d’un accord-cadre, qui définit la contribution financière et technique apportée par les membres aux projets lauréats. L’animation de ce dispositif repose sur un comité de pilotage et un comité scientifique.

Le Consortium de recherche îles Éparses I (2011-2014)

Le premier Consortium, sous la coordination du CNRS-Inee et soutenu plus largement par le CNRS (Inee et Insu), les TAAF, l’Agence des aires marines protégées (AAMP, aujourd’hui intégrée à l’office français de la biodiversité – OFB), l’Institut de recherche pour le développement (IRD), en partenariat avec l’IPEV, le Museum national d’Histoire naturelle (MNHN) et l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer), a permis de financer 18 projets de recherche sur l’écologie des îles Éparses. Ceux-ci ont conduit à la production d’environ 70 publications scientifiques, et ont contribué à l’amélioration des connaissances ainsi qu’à la mise en place d’une meilleure gestion et préservation de ces territoires.

Le Consortium de recherche îles Éparses II (2017-2021) 

Le deuxième Consortium, porté par le CNRS, les TAAF, l’IRD, l’Ifremer, l’Office Français de la Biodiversité (OFB), l’Université de La Réunion, et le Centre Universitaire de Formation et de Recherche (CUFR) de Mayotte, a financé, sur la période 2017-2021, 14 projets répondant aux trois axes de recherche suivants :

  1. les îles Éparses comme « observatoires » des effets des changements d’origine climatique;
  2. les îles Éparses comme « laboratoires » de recherche sur la diversité biologique et le fonctionnement des écosystèmes faiblement anthropisés;
  3. les îles Éparses et les écosystèmes marins voisins.

Les deux premiers Consortiums ont bénéficié d’un budget d’un peu plus d’un million d’euros au total. D’importants moyens logistiques ont été mobilisés au bénéfice des projets : deux rotations dédiées d’un mois du Marion Dufresne dans l’ensemble des îles (en 2011 et 2019), des embarquements réguliers sur les moyens maritimes et aériens des Forces armées de la zone sud océan Indien (FAZSOI), et des affrètement de navires privés.

Projet MICMAC. Échantillonnage d’eau côtière afin de déterminer la pollution plastique aux abords des îles Éparses. L’étude s’est également intéressée à la pollution de macro, micro et nano-plastiques dans la colonne d’eau en milieu hauturier et sur le littoral des îles. (MICMAC6)
Projet IOGA4MET-EI. Installation de nouvelles stations GNSS dans les îles Éparses pour mesurer la vapeur d’eau nécessaire aux prévisions météorologiques, notamment des cyclones. (21@TAAF)
Projet CLIM-EPARSES. Carottage de corail blanchi afin d’étudier les effets du réchauffement et de l’acidification de l’océan, depuis l’ère préindustrielle jusqu’à aujourd’hui, sur des récifs coralliens préservés des activités anthropiques locales. (8-carottage de la grande colonie a Europa)
Projet PIOT. Installation d'un réseau de stations de réception des signaux LoRa dans le cadre d’un projet de développement de balises électroniques à faible coût pour le suivi des déplacements des tortues en milieu côtier. (PIOT2_Evano)
Projet ECOMIE. Une mission à l’île du Lys, réalisée conjointement aux programmes SPILE et CLIMOM et avec le soutien des agents de conservation des TAAF, a permis aux scientifiques de l’équipe du projet ECOMIE de faire l’état de la communauté d’oiseaux marins de l’îlot, 16 ans après sa dératisation en mai 2003. (MG_8538 )
Projet CLIMOM. Thermographie infrarouge d’un fou et de son habitat. Ces données permettent de modéliser les niches thermiques et les besoins en eau des oiseaux marins tropicaux, dans un contexte de réchauffement climatique. (Imagerie thermique - Europa - Avril 2019)
Projet MANMAC. Étude des populations de crabes de mangroves, espèces ingénieures de l’écosystème dans la mangrove d’Europa, très peu impactée par les activités humaines. Les mêmes mesures ont été effectuées dans la mangrove de Mayotte, très impactée par les activités humaines, afin d’obtenir des éléments de comparaison à l’échelle régionale. (DSC01349)