À la rencontre de Martin Mörck, artiste graveur norvégien, et « Les pionniers de pionniers de l’Antarctique »

22 Juin 2022   —  Terres australes et antarctiques françaises

Membre de l’association française l’Art du Timbre gravé, et figure incontournable de la philatélie mondiale, Martin Mörck, artiste graveur norvégien, revient sur sa récente création pour les TAAF, « Les pionniers de l’Antarctique » ; il viendra à la rencontre des philatélistes sur l’espace des TAAF du Salon Paris-Philex le 25 juin prochain.

Photo : © Armagan Ozdinc
Photo : © Armagan Ozdinc
Photo : © Armagan Ozdinc
Photo : © Armagan Ozdinc
Photo : © Armagan Ozdinc

Pour les passionnés des Terres australes et antarctiques françaises et de philatélie polaire, pouvez-vous nous rappeler ce qui vous a amené à exercer le métier de graveur, et comment vous êtes « entré » dans le monde de la philatélie ?

Ma mère et mon père étaient tous deux des artistes ; ma mère travaille toujours à l’âge de 98 ans. Mon père était aussi philatéliste, donc dans l’atelier il y avait un mélange de peintures, de plaques de cuivre gravées, d’albums de timbres et de cire fondue provenant des grandes peintures batik de ma mère.

Mon père m’a montré des livres d’art sur des graveurs comme Dürer, Mellan et d’autres, et des timbres gravés.

J’ai commencé à jouer avec les gravures à l’âge de 14-15 ans et à suivre des cours du soir de gravure à 16 ans, puis une école d’art à 18 ans, et un apprentissage à la poste suédoise à 20 ans. J’ai toujours aimé ce que je faisais et comme le disait ma mère : « il n’y a pas de raison de s’ennuyer tant que l’on a une feuille de papier et un crayon ».

Vous avez déjà réalisé plusieurs timbres sur les terres polaires, le Groenland, les explorateurs…  Quelle a été votre démarche créative pour ces sept timbres dédiés aux grands noms de lexploration polaire ?

Comme il s’agit d’un carnet et que j’en ai déjà fait un montrant les bateaux de pêche de la région, dans une série de timbres de petite taille, j’ai décidé de les faire en famille, avec la même mise en page et la carte de l’Antarctique comme pendentif aux portraits. J’ai fait beaucoup de timbres sur la région arctique et j’ai aussi passé beaucoup de temps là-bas à faire de la voile, de la pêche, du chien de traineau, de la chasse et du pistage. S’il on peut dire que je ne connais pas l’Antarctique, il est certain en tout cas que je rêve de voir ce continent glacé pour de vrai !

 

Combien d’heures de travail sont nécessaire pour réaliser un carnet, de la création des maquettes à la gravure du poinçon ?

C’est une question à laquelle je ne peux vraiment pas répondre, car elle dépend de l’échéancier du projet. Je ne compte jamais mes heures, je travaille juste mes 10 à 11 heures chaque jour. Je me souviens cependant que la partie gravure était soumise à une certaine pression temporelle. 10 heures sur sept jours, ça fait 70 heures et si vous savez juste ça, alors vous savez en combien de temps j’ai gravé les portraits. J’ai déjà mon nom sur plus de 950 timbres, mais je n’ai aucune idée de ce qu’est le repos.

 

Quel regard portez-vous sur ces grandes expéditions polaires ?

C’était à l’époque où la voile était la force des navires et les chiens la force sur terre (certains ont essayé avec des chevaux mais ce n’était pas une bonne idée). Il fallait être humble, respecter la sagesse des autochtones et avoir un fort ego. Si vous étudiez les différents explorateurs, vous pouvez voir que c’est important.

Prenons l’exemple d’Amundsen, qui est peut-être mon héros en ce qui concerne la préparation du passage de l’Ouest au bassin Sud. Plus tard, il a fait des voyages à la fois en avion et en ballon et il n’était absolument pas préparé, mais il a acquis les connaissances dont il avait besoin.

Je connais bien mes classiques de l’Antarctique : Jean-Baptiste Charcot et Paul-Émile Victor ; et j’ai eu la chance de créer un numéro commun entre le Groenland et la France sur ce thème. En fin de compte, on peut dire que ces pionniers de l’Antarctique ont tous appris les uns des autres : leurs succès comme leurs échecs sont une fierté pour nous et une source de savoir incroyable pour notre société.

 

À l’invitation des TAAF, vous serez présent au Salon Paris-Philex le 25 juin : avez-vous déjà eu l’occasion de rencontrer les philatélistes français ?

Je me suis rendu plusieurs fois en France et à Monaco, et je suis impatient d’aller à Paris et de retrouver tous mes amis philatélistes. Une des raisons pour lesquels je suis heureux de me rendre en France, à Monaco, ou d’être en contact avec les TAAF, est que vous utilisez toujours des timbres gravés à la main. Cela vous rend unique et je veux continuer à faire partie de ces passionnés-là. J’ai beaucoup apprécié de travailler avec les TAAF ; ce beau projet de carnet m’a permis de représenter des aspects d’une partie cachée du monde, inaccessible pour beaucoup, c’était passionnant à créer.